Sortie, une nuit Magique à la discothèque le DUPLEIX à Brissac

Près de 150 personnes en situation de handicap, moteur et cérébral, ont profiter gratuitement de la boîte de nuit Le Dupleix, située route de Brissac aux Garennes-sur-Loire, près d’Angers, lors d’une soirée qui leur est réservée avec les professionnels et les bénévoles qui les accompagnaient.

Source: Article du Courrier de l’Ouest
François LACROIX. Publié le
Quand le DJ Maximilien Michel a balancé « Laissez-moi danser, laissez-moi… en toute liberté », de l’icône Dalida, ses yeux se sont brouillés. La fameuse poussière dans l’œil de la patronne du Dupleix qui en a vu d’autres côté émotion, pourtant. Derrière le bar aux consommations gratuites et sans alcool pour cette soirée, Lorenza Sétiano contemple son dancefloor avec le sourire du cœur. Et une fleur dans les cheveux. Le jeudi soir, c’est habituellement repos pour la boss du Dupleix.

Sur la piste, ça crie, ça chante, ça se trémousse, ça sourit comme jamais depuis longtemps. Depuis toujours, pour beaucoup qui n’étaient jamais allés en boîte, qui n’avaient même jamais imaginé qu’ils pourraient s’y rendre un jour.  Ce n’était pas un événement si simple que ça à organiser, mais le sourire des gens, ça n’a pas de prix. Oui, ce n’est pas notre clientèle habituelle mais c’est juste magique », dit la jeune femme en ouvrant les bras et en montrant son cœur. Celui de son établissement des Garennes-sur-Loire qui s’est mis en quatre pour offrir quatre heures de magie à 150 personnes en situation de handicap lourd. Sans stigmatisation, sans mauvaise intention et même sans arrière-pensée. Faire danser les gens, c’est que du kif. Faire le DJ et voir sourire tous ces gens, ça me donne les larmes aux yeux et dans ma tête, le lendemain, j’ai oublié tous mes petits soucis , confie Steven Da Silva, le directeur artistique du Dupleix. DJ, il est à l’origine de cette soirée d’exception pour des gens d’exception qui n’ont pas l’autonomie suffisante pour fréquenter une discothèque en mode classique.

« Bah oui, j’aimerais bien revenir »

Alors que Claude François crie « Alexandrie, où l’amour danse avec la nuit », Laura fait une entrée de star sur le dancefloor du Dupleix. Polyhandicapée, la jeune résidente de l’EEAP La Tremblaye, à Angers, porte des lunettes jaunes qui disent oui à la fête. Dans son fauteuil roulant, elle danse dans sa tête. Elle attendait ce moment depuis des semaines. Comme Maïssa, la vingtaine, qui est fan de Black M.  Elle adore la fête. Pour l’instant, elle prend ses marques en bord de piste , explique Amandine qui l’accompagne. La jeune femme est surveillante de nuit à la maison d’accueil spécialisée Le Gibertin, à Chemillé.  Cette initiative est top. Elle permet à nos résidents d’aller en boîte de nuit ! , dit en souriant la professionnelle du handicap alors que Maïssa accompagne Muriel Moréno de ses applaudissements sur le fameux « Je dois m’en aller ».

Une main dans la main gauche de Philippe et l’autre dans la main droite d’Adeline, qui sont tous les deux en fauteuil et handicapés cérébraux, Christian est comme chez lui sur le dancefloor. La danse n’a pas de secret pour l’aide médico-psychologique du Foyer d’accueil médicalisé la Pinsonnerie, à Angers. Et il en fait profiter les deux résidents qu’il accompagne.  Je m’amuse avec eux et eux adorent ça , dit-il alors que Catherine Ringer  ne veut pas abandonner son bébé .

La première fois de Jimmy

Pour Jimmy, 20 ans, c’est la première fois en boîte. Il a mis une belle chemise en jean qu’il a légèrement ouverte.  Regarde, je me suis fait beau , dit le résident du Logis des Bois, à Vernantes.  Bah oui, j’aimerais bien revenir , confie encore le jeune homme pendant qu’Indochine raconte l’histoire de Bob Morane.  Ça devrait pouvoir se faire plus souvent. C’est une vraie discothèque mais c’est aussi adapté avec de la musique un peu moins forte, des horaires adaptés, aussi. Il n’y a pas de jugement. C’est vraiment un magnifique projet à soutenir , estime Ludivine, chef de service du Foyer médicalisé de Vernantes.

Dans la curieuse cage à danser, Gaëtan et Nicolas sont infatigables. Tout de noir vêtus, les deux garçons du Foyer des pins, à La Breille-les-Pins, enchaînent les mouvements jusqu’au bout de la nuit. Leur cardio doit bien frôler les 150 pulsations minute.  C’est beau juste pour ça. Il n’y a rien d’autre à dire , estime Nathalie, une bénévole de l’association Handi’Cap Anjou.Au milieu de la piste, les confettis argentés tombent du ciel. « Résiste, prouve que tu existes » enflamme Le Dupleix. Légèrement en retrait, Patricia couve son fils des yeux. Nicolas, 33 ans, vit la musique depuis son fauteuil installé sur le dancefloor. Grand handicapé moteur et cérébral, le Saumurois savoure sa première fois en boîte de nuit.